LE SOIR A LA CAMPAGNE

La journée a été ensoleillée, tiède et douce, pas de ces chaleurs brûlantes et étouffantes de l été dont la nature subit les étreintes mortelles, non juste bien, et le soleil venant après la pluie de la nuit : rien que du bonheur . Bonheur des sens.

D'abord il y a les odeurs, celle de l'herbe fraîchement coupée, celle des fleurs de sureau, celle de la terre, odeurs profondes et brutes, celles aussi des animaux, moutons, vaches ...... cela vaut tous les parfums de synthese du monde , même s il n est pas très mode de porter sur soi ces odeurs là.

Après, il y a les sons, d abord les frolements des branches à peine balancées par le vent, les oiseaux dont les chants différents  se répondent à tue-tête, les fredonnements insistants des insectes , les bêlements insistants des agneaux , petites voix pointues et suppliantes, les tendres meuglements des vaches intimant à leurs veaux de rejoindre les pis pour le biberon du soir, le souffle puissant du hérisson en quête.

Enfin, il y a les couleurs, celles des ciels de traîne ou des couchers de soleil flamboyants, celle de l herbe dont les brins scintillent de la rosée nocturne , celle des fleurs dont les teintes  s adoucissent, prélude à la tendresse de la nuit , et vite l obscurité  s installe et la lune magnifie le jardin .

Puis s estompent les mouvements, les chats s installent sur les appuis de fenêtre en attente de la distribution quotidienne, les chiens s endorment aux pieds de la table, les oiseaux se sont immobilisés, même les hirondelles ont cessé leur danse au-dessus de l'étang,  l obscurité les ensuque, les enrobe de douceur ; seules les chauve souris en recherche d' insectes nocturnes zèbrent la nuit de leurs déplacements rapides

La nuit s installe sur la terre, pour le sommeil, pour le plaisir .... si la souffrance pouvait aussi s'y endormir, si la mort pouvait y perdre son pouvoir ......... si je pouvais être complètement égoiste .... j appellerais cela le bonheur .